QUELQUES REMARQUES SUR L'AFFAIRE ISABEL DOS SANTOS
Madame Isabel Dos Santos, fille du défunt président angolais, Eduardo Dos Santos, et ancienne présidente de la société pétrolière d'État Sonangol, vient d'être déboutée par la justice du Royaume-Uni et voit ses actifs de près d'un milliard de dollars confisqués.
Au-delà du fond moral de cette affaire, qui concerne l'enrichissement illicite des familles dirigeantes africaines, il faut tout de même faire le constat qu'il y a une différence de traitement entre les dirigeants africains et les familles des monarchies du Golfe.
Ces dernières se sont insolemment enrichies grâce à la manne pétrolière de leurs pays et mènent grand train en Occident. Leurs membres ont acheté presque tous les grands palaces et les hôtels particuliers à Paris et sur la Côte d'Azur, tandis qu'à Londres ils se sont également offert les biens immobiliers les plus luxueux du royaume. Tout cela sans que les associations anticorruption, la justice ou les médias n'y regardent de près ni ne lèvent le petit doigt.
On se souvient que les qataris avaient littéralement acheté leur Coupe du monde de football à coup de milliards. D'où venaient les fonds ? Du trésor public ? Personne ne s'est posé toutes ces questions. Les quelques incantations pusillanimes de la presse à ce sujet s'étaient éteintes mystérieusement.
Qui se souvient qu'en Arabie Saoudite, MBS avait séquestré dans un palace tous ses cousins multimilliardaires et les avait obligés de lui rétrocéder une fraction de leurs fortunes pour financer ses ambitieux projets et conforter financièrement sa position de dauphin ?
Il s'était permis de le faire parce qu'il sait que ces fortunes ont été acquises de manière despotique.
Pourtant tous ces princes mènent leur vie de pacha en Occident sans être inquiétés le moins du monde.
On retorquera qu'au contraire des dirigeants africains, ils ont, eux, construit et modernisé leurs pays, et que leurs populations bénéficient d'une meilleure qualité de vie.
Tout d'abord, l'appropriation des deniers publics ou des richesses nationales reste un délit universel, un détournement est un détournement, quelles que soient les latitudes où cela se passe ; ensuite il n'est pas vrai que toutes les populations des pays du Golfe vivent dans les meilleures conditions. Des reportages et enquêtes journalistiques ont révélé des disparités et même de la misère chez certaines populations, sans parler du traitement ignominieux réservé aux immigrés dans la plupart de ces pays.
Il faut également souligner que la plupart des contrats de construction et des projets réalisés dans ces pays bénéficient à ces familles régnantes qui ont une mainmise totale sur leur pays.
Les dirigeants africains devraient définitivement tirer les leçons de ce double standard qui dissimule une forme de condescendance raciste, et cesser d'être fascinés par l'Occident, son luxe et ses lumières.
L'autre exemple de ce double standard est celui de l'oligarchie russe. Avant la guerre en Ukraine, les milliardaires russes ont fait la pluie et le beau temps en Europe. Le plus emblématique d'entre eux est Roman Abramovitch, qui s'était même offert la prestigieuse équipe de football londonienne de Chelsea. Ce n'est qu'à la suite de la guerre russo-ukrainienne que l'Occident, qui soutient l'Ukraine, s'est soudainement souvenu que les fortunes des oligarques russes étaient illégales et qu'il a alors entrepris de saisir leurs actifs et les fonds russes logés dans ses banques.
Cette subjectivité au gré des intérêts politiques, des fluctuations d'alliances et des rapports des forces est une source d'instabilité qui ne garantit pas la sécurité des placements financiers.
Aujourd'hui, placer ses actifs sur les places financières asiatiques est beaucoup plus sûr, de même que les pays émergents des Brics présentent des opportunités d'investissement intéressantes et une stabilité politique de plus en plus grandissante, que ce soit pour les fonds souverains ou à titre individuel.
Madame Dos Santos l'a appris à ses dépens...
Je le dis en tant qu'avocat et observateur des conjonctures économiques et politiques, sans cautionner la prédation des fonds publics, que je rép
rouve…
Me Charles Kabuya
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