BAL DES HYPOCRITES AUTOUR D'UNE DEPOUILLE...
Il y a quelques temps, au début de l’offensive de l'armée congolaise contre le M23, j’avais posté la photo du regretté colonel Mamadou Ndala sur mon mur, en lui rendant hommage pour sa bravoure. Mais aucune personne parmi les milliers de facebookeurs congolais n’avait cliqué « j’aime ». Pas un seul « like ». Je fus d'ailleurs très étonné.
Après la victoire de notre armée sur le M23, j’ai encore posté sa photo en mentionnant qu’il était l’incarnation des nouvelles forces armées patriotes et conquérantes de notre pays. Mais il y a eu en tout et pour tout 2 ou 3 « like » et un commentaire dubitatif. Certains, atteints par l’épidémie de xénophobie qui frappe notre communauté, se sont même demandé à haute voix s’il était congolais, tandis que d’autres le qualifiaient sans autre forme de procès de « mercenaire ouest-africain » à cause son prénom à consonance musulmane. D’ailleurs il n’y a pas eu beaucoup de monde parmi les internautes de la diaspora pour soutenir les unités combattantes de notre armée lors de la dernière bataille de l’est, la plupart d'entre eux qualifiant même leurs faits d'armes de vaste supercherie. De la même manière, peu d’hommes politiques ont osé mettre de côté leurs divergences pour affirmer leur soutien patriotique à nos soldats au front. Chose presque unique au monde…
Aujourd’hui je suis médusé (et consterné) de voir que ceux là-même qui se livraient aux sarcasmes après la victoire des FARDC sur le M23, ceux qui minimisaient la vaillance de nos soldats et pourfendaient leurs faits d’armes, sont désormais les chantres de la gloire posthume de Mamadou Ndala. Qui, subitement, est devenu un digne fils du pays, un martyr… Avec des calculs mesquins, certains tentent de récupérer le décès tragique de ce vaillant soldat pour servir leurs intérêts politiciens de bas étage.
Il y a quelques mois, si l’officier des FARDC Mamadou Ndala était venu à Bruxelles, à Paris ou à Londres, il aurait certainement été agressé physiquement comme c’est de coutume avec les officiers supérieurs de l’armée congolaise lorsqu’ils se rendent en Europe.
Dans un hommage au soldat inconnu congolais que j’ai publié sur mon blog, j’avais souligné le fait que le congolais a une relation ambiguë avec son armée. En effet, pour la plupart des compatriotes l’armée est assimilée au pouvoir du moment. Ce faisant, ils oublient que les régimes passent mais les soldats restent. Selon eux, reconnaître la bravoure de nos militaires ce serait encenser le régime en place…
Alors, de grâce, laissons la famille de Mamadou enterrer son fils en paix. Ne nous servons pas de sa dépouille dans nos calculs inavouables. Honorons avec décence la mémoire de celui qui (lui au moins) a poussé le patriotisme jusqu’à donner son sang pour le Congo. Derrière lui il y a une cohorte d’officiers et de soldats, certainement galvanisés par sa mort, qui le vengeront avec bravoure en mettant en déroute nos ennemis.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le premier ministre anglais, Winston Churchill, avait dit à son peuple : « Je n’ai à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes… C’est le prix à payer pour sauver notre patrie ». Nous aussi en RDC nous sommes confrontés à un adversaire multiforme et sanguinaire qui sème la désolation sur notre sol. Nous devons nous faire à l’idée qu’il y aura encore du sang, de la sueur et des larmes à verser. D’autres Mamadou Ndala viendront et périront sur le champ d’honneur, mais au final notre détermination payera et notre patrie vaincra ses ennemis…
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