Le Blog de Charles Kabuya

BIENS MAL ACQUIS, LA FRANCE COMPLICE ?

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L'actuel procès des biens mal acquis qui se tient en France et implique Theodorin Obiang, fils du président Equato-guinéen, pose plusieurs questions de principe sur lesquelles j'ai déjà donné mon avis. C'est notamment la question de l'universalité et de l'égalité de traitement.


En effet, en s'accordant la prérogative d'appliquer une universalité judiciaire qui lui permet de juger des délits commis ailleurs que sur son territoire, la France place sa justice au dessus de celle des pays dont les ressortissants sont poursuivis. Mais cependant, cette universalité qu'elle s'autorise est tributaire des rapports de force, des intérêts économiques et stratégiques, et enfin et surtout, elle est inégalitaire et discriminatoire.


Dans ce cas précis et bien d'autres, la justice française est actionnée par des associations et Ong qui ont fait de l'Afrique leur terrain de chasse de prédilection. Il s'agit principalement de Transparency France et de Sherpa. Ces deux organisations ne sont pas exemptes de reproches. Outre le fait qu'elles sont quasi-aphones hors du continent africain, Sherpa s'est toujours illustrée par son soutien indéfectible au président rwandais malgré les crimes commis par son armée en Rdc et la chape de plomb qu'il maintient sur les libertés publiques dans son pays.


La discrimination est l'autre aspect qui de décrédibilise cette prétendue universalité:


Y-a-t-il une différence entre les frasques du fils d'un dignitaire africain et celles des princes des monarchies pétrolières?
Pourquoi seuls les africains sont dans la ligne de mire de cette justice à géométrie variable ?
Qui ne sait pas qu'aujourd'hui les hôtels particuliers et appartements de luxe du périmètre des Champs-élysées, les palaces parisiens et les villas hollywoodiennes de la Côte d'Azur sont la proie des familles princières du Moyen-Orient, des apparatchiks d'Asie centrale et autres milliardaires russes sentant le souffre...?


Autant de questions qui indiquent clairement que ces organismes pratiquent le courage et non la témérité, que leur zèle ne s'exerce que chez ceux qui sont censés être des proies faciles, des maillons faibles en quelque sorte. De la à y voir une attitude marquée par une condescendance de type néocoloniale, certains n'hésiteront pas...


Ce qui est certain c'est que lorsque les intérêts de la France sont en jeu, il y a une forme de cécité qui s'empare de tous ces bien-pensants. Au besoin ils font le service minimum en adoptant des attitudes de pure forme.


Lorsqu'on entend le nouveau président de la France énoncer sur un ton docte les maux de l'Afrique, dont la mauvaise gouvernance et les détournements des deniers publics, on ne peut s'empêcher de penser aux révélations de Pierre Pean sur "la république des mallettes", et surtout aux confessions de l'avocat "françafricain" Robert Bourgi qui permettent d'entrevoir l'ampleur des "cadeaux" sonnants et trébuchants offerts par les dignitaires africains aux pouvoirs français successifs. Oui, ces valises de billets de banque transportées d'Afrique jusque dans les palais de la République française, parfois dans des conditions rocambolesques...


Cette pratique qui a duré des décennies et financé de nombreuses campagnes électorales en France aura au total ponctionné sur les fonds publics des pays africains des centaines de millions d'euros, voire des milliards si on prend en compte le système Elf Aquitaine qui a longtemps permis de détourner la manne pétrolière africaine et même financé des guerres sur le continent.


Les populations de ces pays ponctionnés financièrement n'ont-elles pas droit à réparation?
Aujourd'hui la France se drape du manteau de l'exemplarité et donne des leçons de bonne gouvernance alors qu'elle a fait partie des fossoyeurs de cette même gouvernance en Afrique.


Alors peut-on parler de complicité de détournement de fonds publics africains et intenter un procès aux dirigeants français qui ont perpétué ce système de mallettes de billets durant des décennies au détriment de l'Afrique ?

Ne sont-ils pas co-auteurs et principaux bénéficiaires de ces larcins à grande échelle ?


À vous de juger...



13/07/2017
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