Le Blog de Charles Kabuya

BRÈVE RÉFLEXION SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU GRAND KASAÏ

 

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Qu'est-ce qui manque dans le Grand Kasaï pour fixer les populations afin qu'elles retournent à leurs champs, leur artisanat et autres activités économiques ?


- Premièrement l'électricité.
Le projet du barrage de Katende reste lettre morte, ce malgré les différentes promesses des pouvoirs successifs, jusqu'à l'inauguration d'une maquette par le pouvoir précédent. Quelques années avant l'indépendance, les Belges avaient entreposé du matériel et des matériaux en vue de l'érection d'une centrale hydroélectrique pouvant fournir une électricité abondante à cette région, d'autant que le transfert de la capitale à Luluabourg était envisagé. Après l'indépendance tout ce matériel fut pillé dans l'indifférence des autorités et avec la complicité des enfants de la région. Depuis, Katende est un serpent de mer...
Or sans électricité point de développement.


- En deuxième lieu, il faut construire et réhabiliter les routes.
Le Grand Kasaï est une région enclavée, qui dépend des autres provinces pour son approvisionnement et l'évacuation éventuelle de sa production.  

 

Alors que de par sa position géographique centrale, le Grand Kasaï devrait être le carrefour incontournable du réseau routier national et tirer bénéfice des flux commerciaux, il demeure le ventre mou de l'espace géographique national.

 

En l'absence d'un programme d'infrastructures à l'échelle nationale et régionale, cet espace reste et restera un désert économique, privant notre pays d'un surcroît de dynamisme pour son développement.


- Enfin et surtout, il faut un plan de développement de l'espace Grand Kasaï.
Cette planification doit intégrer les priorités citées ci-dessus, et surtout prévoir les investissements nécessaires pour y promouvoir les activités économiques et industrielles.


Contrairement à d'autres régions du pays, en particulier le Grand Katanga et les Kivus où le secteur minier impulse l'économie locale de diverses manières (y compris l'informel), les activités diamantifaires sont en berne au Grand Kasaï, le secteur ayant été impacté par le recul du diamant en terme de valeur et par la mauvaise gestion et l'effondrement de la Miba, faute d'investissements pour renouveler son matériel. Du coup, ce secteur ne permet plus le ruissellement social d'antan.


Avec cela, le défaut de diversification de l'économie locale a amené l'assèchement économique du Grand Kasaï. Ce dernier est à la base de l'accélération de l'exode récent, notamment vers Kinshasa (phénomène Wewa) et vers le Grand Katanga (Kasumbalesa etc), avec les perturbations sociétales qu'elle comporte, et parfois le réveil des sentiments tribalistes qui sont un danger pour la cohésion sociale dans notre pays.


Rappelons que l'exode est un réflexe humain de survie lorsque les populations n'ont plus beaucoup d'alternatives. D'où on voit des migrants périr en mer, à la recherche de l'Eldorado en occident.
Il revient à l'état de leur redonner l'espoir et les alternatives économiques afin de conjurer les conséquences de cette détresse.


Les populations du Grand Kasaï sont actives et travailleuses, et c'est le fond qui manque le moins...


Charles KABUYA



17/05/2021
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