Le Blog de Charles Kabuya

DELENDA KIGALI !

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La situation se prête bien pour paraphraser la célèbre tirade de l'historien et homme politique romain, Caton l'ancien. 

Après moult humiliations lors du conflit qui opposa Rome à Carthage pendant plus d'un siècle (les guerres puniques), il conclura qu'il fallait détruire cette cité dont l'opulence reposait sur la spoliation de l'empire romain. D'où le célèbre “Delenda Carthago” (Il faut détruire Carthage).

 

Le pouvoir de Kigali opère à l'égard de la RDC comme une sangsue, un parasite. Il a développé une addiction aux richesses naturelles de la RDC, à la manière d'un drogué qui ne peut plus se passer de doses de plus en plus importantes pour sa survie délirante, en l'occurrence ravager l'est du Congo pour piller ses ressources naturelles. 

 

UNE GUERRE ABSCONSE

(avait dit Jacques Chirac à l'ougandais Museveni et au rwandais Pasteur Bizimungu, devant Laurent Désiré Kabila, lors des premières attaques meurtrières du RCD à l'est du Congo) 

 

Voilà des décennies que l'est du Congo ne connaît plus la paix. Nous en sommes aujourd'hui à une énième invasion meurtrière, avec son lot de violences, d’exactions, avec une fois encore des déplacés internes et des populations en déshérence. Une énième tragédie subie sans que la RDC n'ait ni attaqué ni conduit quelque action belliqueuse sur le territoire de son voisin.

 

Lors de son arrivée au pouvoir, le président Félix Tshisekedi avait tendu la main à Paul Kagame, l'invitant à tourner la page des relations conflictuelles pour amorcer une nouvelle ère de paix et de coopération économique. Partant du constat réaliste que le Rwanda est notre voisin, qu'il ne déménagerait jamais, et nous non plus. Par conséquent, nous devons nous supporter et nous entendre. La main sur le cœur, il a été à Kigali, il a sacrifié au rituel du fameux mémorial du génocide, et surtout il a tenu chaleureusement et publiquement la main de Kagame à la manière d'un frère. 

Quelques semaines plus tard, le président rwandais sera chaudement applaudi à Kinshasa, cela malgré les rancœurs dues aux violences barbares commises par les troupes rwandaises et ougandaises sur le sol congolais au cours des invasions successives.

 

D'ailleurs beaucoup de congolais reprochent encore au président Félix Tshisekedi cette approche conciliante qu'il a eue envers un dirigeant qui ne manifeste aucune empathie pour notre pays. Mais c'est lui faire un mauvais procès. Il fallait oser et tenter la paix, au moins on ne lui reprochera de n'avoir pas essayé. 

 

Paul Kagame s'est révélé dans ce qu'il est au fond : une âme torsadée et un esprit de duplicité. On ne peut jamais apprivoiser un scorpion, il finira par vous mordre car c'est sa nature profonde.

 

À nouveau les bruits de bottes se font entendre autour de plusieurs cités et villages de la province du Nord Kivu. Les nouvelles du front sont inquiétantes de jour en jour. Manifestement, le dictateur rwandais, Paul Kagame, a décidé de passer une fois de plus à la vitesse supérieure en renforçant ses troupes et en les équipant d'armes plus lourdes et plus meurtrières dans une nouvelle phase offensive visant à étendre les territoires occupés jusqu'à la ville de Goma, et peut-être au-delà…

 

Plusieurs témoignages émanant des membres de la société civile et de journalistes évoquent d'importants mouvements de troupes traversant la frontière avec le Rwanda et plusieurs rotations de camions chargés d'armements. 

D'ailleurs l'armée rwandaise ne se cache plus et agit ouvertement, alors même qu'elle se sait observée par les drones de la mission des Nations Unies et ceux de l'armée Congolaise. 

Ces faits récurrents sont notés, consignés dans divers rapports tant des institutions officielles que des Ong et des observateurs indépendants. 

 

Ils rejoignent dans les tiroirs l'emblématique rapport Mapping dont tout le monde espère, sans vraiment y croire, qu'il sera un jour exhumé à charge des bourreaux du peuple congolais, au cours d'un remake régional de Nuremberg, le Tribunal pénal international pour la RDC, qui est appelé de tous les vœux par les partisans de la paix dans la région des Grands Lacs.

 

Mais la méthode Coué n'ayant jamais fait ses preuves nulle part au monde, la RDC est une fois de plus amenée à se battre, à se défendre, seule, pour sa survie en tant que nation souveraine vivant en paix sur un territoire aux frontières intangibles.

En effet, depuis plus de deux ans la cité de Bunagana (frontalière avec l'Ouganda) et la majeure partie du territoire de Rutshuru sont occupés par le Rwanda sous la couverture du M23, un mouvement fantoche, créé et instrumentalisé pour les besoins de la cause, comme le furent à leurs époques le RCD, le CNDP et d'autres proxies. Ce M23 moribond depuis sa dernière défaite en 2013 a été réanimé par Kigali et vit sous perfusion de l'armée rwandaise pour servir de paravent. 

 

Ces dernières semaines ont vu les assaillants progresser en territoire de Masisi voisin jusque, semble-t-il, à portée de canons de la ville de Goma, capitale de la province du Nord Kivu, avec ses plus de 2 millions d'habitants. Déjà les réfugiés affluent et la détresse est indicible.

 

Tous ces territoires ont la particularité d'abriter d'importantes communautés rwandophones, notamment les Tutsi congolais dont la propagande immonde de Kigali se sert en les faisant passer pour des victimes d'exactions à base ethnique. Ce prétexte aussi fallacieux qu’immoral est battu en brèche par la simple réalité sociale dans le Nord Kivu. 

Bien qu'il existe quelques conflits pour les terres agricoles et pastorales, d'ailleurs exacerbés par le pouvoir tutsi du Rwanda voisin, les Tutsi congolais sont plutôt bien intégrés dans la société. Ils ont des élus qui siègent au parlement et aux assemblées provinciales, ils sont dans le gouvernement central et dans d'autres institutions et entreprises publiques, et enfin ils occupent des postes importants au sein des forces de défense et de sécurité nationale.

 

Et cela n'est pas récent. Sous le régime de Mobutu, les rwandophones, en particulier les Tutsi (ceux présents avant l'indépendance et ceux réfugiés après 1960), avaient toujours bénéficié de situations avantageuses et vivaient paisiblement. Seul l'afflux important des réfugiés se disputant la terre avec les autres communautés congolaises avait conduit, à l'orée des années 80, à des mesures de clarification sur la nationalité qui furent un peu radicales, ce qui avait provoqué les premières tensions. 

Après son avènement à la faveur de la guerre et du génocide au Rwanda, le régime de Kagame avait exacerbé ces tensions en s'immisçant dans les affaires intérieures de la RDC et en y important la dualité ethnique rwandaise pour opposer les communautés locales du Grand Kivu.

 

Mais dans l'entre-temps une constitution inclusive, plébiscitée par un référendum en 2006 avait accordé à toutes les communautés ethniques de la RDC les mêmes droits citoyens, mettant ainsi fin aux ambiguïtés concernant les compatriotes Tutsi, dont nombreux avaient pris les armes sous le drapeau du Rwanda de Kagame… 

 

Ces dernières décennies, l'intégration des membres des communautés Tutsi du Nord Kivu et du Sud Kivu (dits Banyamulenge) dans les institutions de la république a suivi les recommandations de plusieurs initiatives de dialogue ainsi que le processus de brassage dans l'armée sous la houlette des Nations Unies. 

Factuellement les raisons d'une rébellion communautaire des rwandophones en RDC sont spécieuses et ne résistent à aucune analyse objective.

 

Le prétexte Fdlr (Front démocratique pour la libération du Rwanda) auquel s'accroche hypocritement Kagame est tout autant fallacieux. Ces groupuscules existent parce que, d'une part le régime de Kigali ferme la porte à tout dialogue national, et d'autre part, parce que le chaos qu'il provoque délibérément à l'est de la RDC favorise l'émergence de plusieurs groupes armés nationaux et étrangers, qui se livrent la plupart du temps au trafic des minerais, au racket et aux violences sur les populations rurales congolaises.

Finalement, la RDC en est plus victime que le Rwanda…

 

Ces résidus de Fdlr ne représentent aucun danger pour la paix et l'intégrité du Rwanda. 

D'ailleurs à plusieurs reprises les autorités congolaises ont autorisé l'armée rwandaise à faire des incursions en RDC pour les traquer. Faut-il rappeler que de 1998 à 2003 les armées Rwando-Ougandaises occupèrent toute la partie est de la RDC sans jamais arriver à éradiquer les fameux Fdlr, tout accaparés qu'ils étaient par le pillage des richesses naturelles congolaises ?

 

Au contraire de la RDC, qui a montré sa volonté de vivre en paix avec ses voisins et s'est ouverte au dialogue national, au point que son armée et ses services de sécurité sont notoirement infiltrés, le Rwanda ne peut pas en dire autant avec son pouvoir mono ethnique, sous le joug duquel la majorité Hutu vit un apartheid qui ne dit pas son nom et a subi un génocide intellectuel très subtil par le truchement du bannissement de la langue française comme langue officielle et de l'enseignement au profit de l'anglais. Ainsi toute la production intellectuelle d'avant l'avènement de Paul Kagame, des millions de pages de recherches et d'histoire produites par des chercheurs francophones rwandais (Hutu en majorité) ne sont plus accessibles aux élèves et aux étudiants. Autrement dit un autodafé géant, un grand reset sous le regard détourné de la communauté internationale… 

 

Si les territoires envahis par le Rwanda abritent les communautés rwandophones de la RDC, ils possèdent aussi et surtout les grandes mines productrices de minerais les plus recherchés sur le marché des nouvelles technologies. Outre le coltan qui entre dans la fabrication des terminaux mobiles (smartphones de dernières générations, ordinateurs, tablettes etc.), et dont la province est première productrice mondiale, la cassitérite, le tungstène, le niobium, l'or etc. s'y trouvent à foison.

 

Ainsi, très clairement le plan de progression de l'armée rwandaise sur le sol congolais tend à isoler et à s'emparer des mines les plus importantes et les plus juteuses, comme celle de Rubaya qui est déjà tombée dans l'escarcelle de l'envahisseur. 

Et on peut se rendre compte qu'il y a, comme jadis lors de la première invasion de 1996/97 qui chassa Mobutu du pouvoir et lors de toutes les incursions répétées, une logique de prédation derrière cette énième agression.

 

Les protagonistes restent les mêmes. Cette fois-ci c'est le Rwanda qui est principalement à la manœuvre, l'acolyte ougandais restant tapi dans l'ombre tout en exécutant furtivement certaines phases et en offrant appuis et facilités comme de nombreux témoins l'ont rapporté. De toute façon, il est impossible d'occuper Bunagana sans une complicité active ou passive de l'Ouganda.

 

On sait également que des intérêts extérieurs sont prêts à acter ce marché de contrebande des minerais congolais, dont le Rwanda serait le pourvoyeur. Notre vigilance doit être accrue pour traquer et dénoncer les pays et les entreprises complices de cette contrebande mafieuse et éhontée. 

 

Enfin, on notera aussi l'attitude inamicale du nouveau président Kenyan, William Ruto, invité gêné à l'investiture du président Félix Tshisekedi, qui avait justifié la conférence de presse tenue en pleine capitale Nairobi par un paltoquet qui menaçait d'attaque armée un pays frère. Pas sûr que l'inverse lui aurait plu…

Le Kenya qui d'ailleurs vient lui aussi de découvrir in tempore suspecto des gisements de coltan sur son territoire. 

 

Comme toujours, des figurants congolais sont mis en avant. Les derniers en date ont été habillés d'un manteau trop grand pour eux (ils n'ont ni armée ni logistique militaire). Ces hommes de paille se font appeler Alliance du fleuve Congo et ils sont dirigés par un aigri prêt à vendre son âme pour se venger de son infortune, après avoir été délesté par l'État congolais de biens mal acquis, dont une mine d'or. Eux et l'assemblage hétéroclite du M23 et d'autres desperados en quête du pouvoir et de l'opulence, dont certains sont mûs par la haine, ne trompent personne. Ils sont le faux nez du Rwanda qui n'a eu de cesse depuis bientôt 3 décennies de semer la mort et la désolation sur le territoire congolais.

C'est d'ailleurs pourquoi on peut penser que le chef de l'État n'en fait pas cas après avoir menacé de déclarer la guerre. Ces gens ne représentent rien… 

 

LE CONGO N'EST PAS FAIBLE MAIS IL EST AFFAIBLI 

D'aucuns se demandent comment un si grand pays de plus de 100 millions d'habitants est victime de l’état lilliputien qu'est le Rwanda, pays qui compte à peine 13 millions d'habitants, soit moins que la ville de Kinshasa, et qui est moitié moins vaste que la seule province du Nord Kivu (une des moins grandes du pays)

Pour répondre à cela, je donnerai l'exemple du géant d'Afrique qu'est le Nigeria, la première puissance économique du continent, peuplé de plus de 200 millions d'habitants, mais qui, depuis bientôt deux décennies, n'arrive pas à éradiquer le terrorisme islamiste sur un territoire qui fait moins de la moitié celui de la RDC.

Je pense aussi à une anecdote attribuée au général De Gaulle sur la défense de la ville de Lomé lorsqu'il s'agissait de réclamer en 1960 le rattachement du Togo britannique, qui fait aujourd'hui partie du Ghana. Il déclara la ville de Lomé indéfendable, car directement frontalière du Ghana.

 

Il s'agit de la même configuration en RDC avec Goma et Bukavu, villes frontalières avec le Rwanda.

En effet, la situation géographique de ces deux villes les rend vulnérables face à un voisin agresseur. Une guerre totale signifierait éventuellement des combats jusque dans la ville ; et vu qu'elle fait frontière, elle pourrait être détruite totalement ou en partie par des bombardements de part et d'autre. Tout comme Gisenyi au Rwanda d'ailleurs. 

Ce serait en quelque sorte le prix à payer pour vaincre l'ennemi.

 

La RDC a plusieurs défis à relever pour son développement. Le pays a déjà payé un lourd tribut à la guerre, ses populations ont été décimées à grande échelle (plusieurs millions de morts). Son appareil de défense et de sécurité a été affaibli par des infiltrations à la faveur des accords politiques, comme celui que le Rwanda veut nous pousser à signer de nouveau. 

Cela n'est plus acceptable. 

 

L'attitude du pouvoir de Kagame ne laisserait d'autre alternative en cas de guerre que d'envahir le territoire de l'ennemi.

 

Mais selon une sagesse populaire, on sait quand on commence une guerre, mais on ne sait jamais quand on la termine. D'autant plus qu'on a en face de nous un pouvoir tenu par un homme dont tous les signes montrent qu'il est frappé de psychopathie : Il aime la guerre et le sang ; Il règle ses problèmes par la violence et le meurtre ; et surtout il en est fier comme si c'était une marque de fabrique valorisante. C'est ainsi qu'il veut nous attirer vers la guerre, vers son mode de règlement de prédiction.

 

L'objectif de Kagame est de faire main basse sur nos richesses naturelles en contrôlant un territoire riche et plus vaste. 

Le Rwanda étant pauvre en ressources naturelles, son dirigeant se montre incapable d'imaginer le développement de son pays autrement que par le pillage du Congo, qu'il considère comme son hinterland naturel.

On a vu Singapour ou Taïwan se développer sans beaucoup de richesses naturelles, mais en misant sur les ressources humaines, les technologies innovantes etc. 

 

Kagame n'est pas ce dirigeant au leadership génial qu'on nous vante, mais un vulgaire contrebandier et un assassin sans scrupules. 

L'écrivain Pierre Péan, dont les recherches journalistiques sont des références, n'avait-il pas dit que Paul Kagame était le plus grand criminel de guerre de notre époque encore en vie ? 

 

Pour détruire le régime de Kigali la guerre totale ne sera pas nécessaire, car ce serait une guerre d'usure à la faveur de laquelle le pillage des ressources continuerait, comme en 1997/2003. Nous devrions plutôt mener une guerre tactique en mobilisant toutes nos forces pour empêcher le pillage et l'exploitation de nos ressources naturelles par le Rwanda. Les zones d'exploitation minière devraient être nos objectifs prioritaires, autour desquels l'essentiel de nos forces devraient être concentrés. 

 

En empêchant Kagame d'atteindre son but ultime, son régime dont le budget national est alimenté par l'aide internationale pour moitié et par ses rapines au Congo pour l'autre, sera considérablement fragilisé. Son armée est équipée grâce à l'obole versée par les occidentaux qui se servent de ses troupes mercenaires sur différents théâtres où leurs intérêts sont menacés. Mais cela n'est pas suffisant comme le prouve sa quête incessante des richesses naturelles congolaises.

 

Barrer à Kagame l'accès à nos richesses naturelles sera un coup dur qui affaiblira considérablement un régime prédateur, qui est d'ailleurs rejeté par la majorité silencieuse rwandaise. 

 

Maître Charles Kabuya

 



06/02/2024
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