Le Blog de Charles Kabuya

DYNAMIQUES POLITIQUES ET CONFUSION DANS LA DIASPORA CONGOLAISE

 

On assiste depuis quelques temps dans la diaspora congolaise à une montée en puissance des groupes très dynamiques qui mènent des actions spectaculaires et fondent leur mouvement sur la tragédie, aujourd'hui mondialement connue, de l'est de la RD Congo. Ce mouvement dirige ses récriminations sur le pouvoir actuel du Congo dont il stigmatise la mauvaise gouvernance ainsi que les dérapages en matière des droits humains. Mais surtout, il cristallise une haine quasi-pathologique envers l'actuel chef de l'Etat de la RDC en contestant ses origines congolaises dans un discours où les outrances xénophobes sont à leur comble. De plus, il se caractérise par des méthodes sulfureuses comme l'usage de la violence, l'intimidation et l'intolérance envers tous ceux qui sont suspectés de sympathie pour le régime congolais; qui sont alors, par une sorte de fatwa, interdits de toute activité en dehors du pays. Il en est ainsi des conférenciers, des pasteurs évangéliques ou des artistes musiciens coupables d'attitude cordiale vis-à-vis du pouvoir congolais. 

 

Ces méthodes pourraient faire penser au macarthysme qui a terrorisé l'amérique au début des années cinquante, mais elles pourraient aussi faire penser à la banalisation des idéologies fascisantes en Europe au cours des années trente, car ce mouvement se fonde sur le patriotisme et la défense de la nation face au péril intérieur et extérieur (souvent désigné au faciès). D'ailleurs, il rencontre une certaine sympathie au sein de la diaspora où de nombreuses personnes justifient ces méthodes anti-démocratiques, soit parce qu'elles adhèrent à ce discours qui correspond à leur choix politique, soit par ignorance des faits historiques au sujet de la tragédie de l'est du Congo, soit encore par peur car il faut aussi dire que beaucoup de gens sont intimidés par ces méthodes expéditives et n'osent pas exprimer leur opinion ou préférence. Surtout qu'il est très difficile de contredire des personnes réclamant plus de liberté et de...démocratie, la bonne gouvernance et la fin de l'impunité, la fin des violences à l'est et la justice pour les victimes congolaises.   

 

Mais si les causes qui servent de soubassement à ce mouvement sont parfaitement légitimes, il appert cependant que l'histoire des quinze dernières années de la RDC est falsifiée (à dessein?). En effet, les 8 millions de morts et les femmes violées dont on parle sont les victimes directes ou collatérales de la guerre menée à l'est de la RDC par la coalition rwando-ougandaise soutenue par certaines puissances occidentales, mais aussi par les groupes armés congolais qu'elle instrumentalisait, dont le MLC, le RDC et leurs nombreuses factions dissidentes, sans oublier bien entendu les forces loyales. L'Ituri en est un exemple type car ce sont les milices congolaises (appuyées soit par l' Ouganda, soit par le Rwanda) qui sont principalement responsables de la tragédie des populations civiles. Et que dire du rôle de la Monuc (devenue Monusco) qui, avec 17.000 hommes, n'est jamais parvenue à protéger les populations civiles. Pendant ce temps le gouvernement, empêtré dans un processus d'intégration des milices qui est miné par la corruption des officiers de l'armée et de la police, n'arrive pas à mettre sur pied une vraie armée républicaine capable de défendre le territoire et de rétablir la paix sur de vastes régions occupées par des groupes rebelles étrangers qui sèment la mort et les violences sur les populations, notamment les viols des femmes. Ces dernières sont également victimes des hommes des troupes et des miliciens congolais refractaires qui sévissent à la faveur de la situation de guerre dans certains territoires de l'est du pays. Cette situation tragique est entrée dans une spirale infernale à cause des richesses minières qui font l'objet d'un trafic conforté par l'implication des milices armées par des puissants commanditaires étrangers (cfr les différents rapports sur le pillage des ressources naturelles de la RDC)

 

Sur cette tragédie congolaise, tout le monde s'accorde pour dire qu'il faudrait que tous ceux qui sont ou ont été les protagonistes de cette guerre rendent des comptes afin que justice soit rendue aux victimes. Or que voit-on aujourd'hui dans la diaspora? les dynamiques de révolte contre les violences faites aux populations à l'est du pays sont appuyées par ceux-là même qui sont co-responsables de la tragédie congolaise. Mieux, certaines dynamiques se révendiquent d'eux, ce qui est le comble de l'absurdité et rend leur combat incompréhensible et partial. Car rien ne justifie que certains dirigeants politiques qui ont été impliqués dans la guerre de l'est soient aujourd'hui des références pour les mouvements qui s'agitent dans la diaspora, est-ce leur proximité ethnique avec certains leaders de ces mouvements? Dans tous les cas, la partialité évidente et la falsification historique patente révèlent une certaine irrationalité de ces dynamiques et les condamne d'avance à n'être que des trublions juste susceptibles de semer la confusion et la violence improductive. Dommage, car l'hypocrisie de certains responsables politiques manipulateurs et calculateurs qui s'accommodent des excès verbaux et des violences politiques de ces dynamiques n'aboutira qu'à leur dévoiement, alors qu'elles pourraient servir de levier à une véritable conscientisation des populations congolaises en vue d'un sursaut national.



13/06/2011
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