JE SUIS KINOIS, MAIS JE ME SOIGNE...
Depuis que les réseaux sociaux se sont imposés comme l'espace privilégié des débats et échanges à caractère politique, nous assistons à des manifestations d'intolérance qui confinent le plus souvent à la vulgarité. S'agissant des commentaires sur la politique ou sur les faits de société en RDC, les personnes qui s'illustrent le plus par la vulgarité sont dans leur grande majorité issues de la diaspora (kinoise). Cette intolérance se manifeste le plus souvent par les insultes viles, le manque de civilité et la xénophobie (qui vise parfois nos compatriotes originaires des provinces orientales et traduit leur ignorance de ce qu'est la RDC dans sa diversité culturelle. En effet beaucoup n'ont jamais quitté le périmètre de la ville de Kinshasa avant d'émigrer vers d'autres continents). Ces amalgames et la condescendance qui va avec constituent d'ailleurs un danger pour l'unité nationale.
Je suis moi-même kinois et je ne voudrais pas qu'on interprète ce billet comme une charge contre tous les kinois (qui sont des concitoyens respectables), mais je dois reconnaître que la mauvaise réputation des congolais à l'étranger est surtout le fait des mes "corégionnaires", vu qu'ils constituent le gros de la diaspora en occident grâce à la facilité qu'offre Kinshasa pour voyager ( proximité des ambassades, consultats, institutions internationales etc...). À partir de là l'exportation des comportements inciviques voire immoraux a malheureusement contribué à ternir notre image. D'autant plus que les réseaux sociaux permettent d'étaler aux yeux du monde cette face peu reluisante de notre communauté.
Léopoldville (Kinshasa) fut la ville du "melting pot" des ethnies du Congo à l'époque coloniale. Les personnes qui quittaient leurs communautés tribales, où régnait un certain ordre ancestral, pouvaient se débarrasser de leurs valeurs fondamentales en arrivant à Kinshasa, loin du regard désapprobateur des anciens. On s'encanaillait volontiers, surtout à cause de l'attrait des lumières, les nombreux bars ou les messages plus ou moins débridés que vehiculait la nouvelle musique moderne... C'est ainsi que s'est développée une culture urbaine spécifique à Kinshasa. Cette dernière s'est étoffée et modelée au gré de nouvelles vagues "d'immigrants internes" et à mesure que la démographie de la ville explosait. Les influences extérieures n'ont pas été en reste grâce notamment à la télévision qui a vu le jour à Kinshasa dans les années 60, bien avant les autres provinces et beaucoup de pays africains.
On n'aime tous "Kin la belle", son ambiance fait fantasmer de Brazzaville à Abidjan, mais la culture urbaine débridée qui s'est développée depuis la deuxième république jusqu'à nos jours a donné ce côté déplorable qui traduit un vrai malaise sociétal. En Afrique, toutes les grandes villes qui se développent connaissent ce phénomène de diffusion des anti-valeurs, à cause notamment de la promiscuité et de la pauvreté. Mais cette face obscure de Kinshasa tend à devenir la carte d'identité de beaucoup de kinois à l'étranger...
Sans un renforcement des structures éducatives, et de prise en charge de la jeunesse, les générations se cloneront encore longtemps...
Mais ne dit-on pas que Kinshasa n'est pas le Congo...?
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