LE PARTENARIAT ENTRE LA RDC ET LES USA : UNE AFFAIRE DE DUPES
La RDC est-elle un pays indépendant aux yeux des Usa ?
Aucun état indépendant ne peut accepter le niveau d'ingérence des Usa dans nos affaires, singulièrement dans la gestion de notre secteur minier.
Surtout qu'on ne gagne rien au change, car l'Amérique ne nous aide en rien sur le plan économique, à part des promesses vaines et irréalistes ; elle ne nous soutient pas sur le plan diplomatique (on a vu comment le Secrétaire d'état américain, Anthony Blinken, s'est foutu de notre gueule sur l'agression rwandaise et comment l'Amérique continue à appliquer la doctrine Clinton dans les Grands Lacs en sanctuarisant le Rwanda au détriment du Congo, qui pourtant fut jadis la tête de pont de l'occident dans la région à l'époque de la guerre froide, et qui a rendu de nombreux services à l'Amérique) ; et enfin elle ne nous soutient pas suffisamment sur le plan militaire, alors que notre armée souffre encore de beaucoup de déficiences, ce qui rend notre pays très vulnérable aux agressions extérieures et à la prolifération des groupes armés.
C'est quoi ce partenariat dans lequel nous ne trouvons aucun compte et où notre partenaire nous traite comme un pays plus que lambda, nous menace comme des petits enfants méritant une fessée à la moindre incartade avec des sanctions ciblées, alors que les dignitaires des pays voisins qui nous agressent et nous pillent sont entourés de l'aura de l'immunité et de l'impunité américaine ?
Nous avons passé l'âge de regarder les westerns et d'admirer les cowboys. Le fanatisme envers les américains ne nous rapporte rien.
Par contre les ressources naturelles sont bel et bien les nôtres, nous devons nous réserver le droit d'en disposer comme bon nous semble et dans notre intérêt exclusif, tout en prenant les précautions nécessaires pour léguer à nos enfants un environnement sain.
C'est pourquoi nous devons travailler à reconquérir notre liberté vis-à-vis de cette tutelle qui ne dit pas son nom, et dont la dernière illustration fut le toupet qu'a eu Blinken de vouloir conditionner l'exploitation de nos réserves pétrolières continentales et notre gaz à la validation par un groupe de travail dans lequel l'Amérique siégerait (!)
Tout se passe comme si nous étions incapables de faire mener des études d'impact sur l'environnement afin que cette exploitation préserve notre patrimoine faunesque et forestier... Alors que pendant ce temps l'Amérique, elle, s'autorise à exploiter son gaz de schiste par la méthode décriée de la fragmentation hydraulique qui impacte de manière irrémédiable l'environnement.
Au regard des nos relations insatisfaisantes avec les Usa, du peu de considération qu'ils nous portent ainsi que de tous les actes hostiles qu'ils ont commis contre le Congo depuis son indépendance, il y a lieu de requérir notre droit d'inventaire, d'évaluer nos intérêts et d'exiger un meilleur traitement dans ce soit-disant partenariat dans lequel nous sommes considérés juste comme un réservoir de matières premières.
Cela exige du courage, car nous n'avons pas à nous gêner étant donné que nous avons toujours été un partenaire loyal, jusqu'à implorer parfois l'attention de l'Amérique qui n'a pas daigné organiser une visite officielle d'un chef d'état congolais depuis plusieurs années, sans parler de la visite d'un président américain au Congo qui reste une chimère... Cela passe aussi par la diversification assumée de nos partenariats au moment où se profile un monde multipolaire avec l'émergence des BRICS.
La sympathie traditionnelle des congolais pour l'Amérique, née de la longue histoire de consommation de la culture et du mode de vie américains à travers la télévision et le cinéma, risque de se transformer en amertume, voire même en revirement violent si le Congo continue à être ainsi laissé pour compte dans la politique américaine dans la région.
Déjà depuis plusieurs décennies les populations de l'est du pays vivent dans leurs chairs meurtries les effets du non soutien à notre pays par l'Amérique, elles savent que son soutien se porte plutôt sur ceux qui leur apportent le malheur, et elles sont conscientes de l'hypocrisie américaine vis-à-vis de notre pays et de son désintérêt sur leur sort. Les récentes marches dans certaines villes de l'est où les populations ont réclamé l'intervention russe ne sont pas anodines et devraient alerter les analystes des services américains.
À la lumière de cette longue expérience négative on peut comprendre le désarroi de Lumumba lorsqu'il fit appel à l'aide logistique de L'URSS pour combattre les mouvements de sécession au Katanga et dans le Sud Kasaï, étant donné que l'Amérique ne jouait déjà pas franc jeu…
Maître Charles Kabuya
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