Le Blog de Charles Kabuya

La théorie séparatiste entre Luba du Kasaï et ceux du Haut-Lomami (dans l'ex Katanga) est propagée par des gens tribalistes qui, curieusement, viennent d'un même espace géographique gangrené par un viscéral ethnicisme anti-luba du Kasaï. Il est décevant de voir des intellectuels s'y mêler et essayer de déconstruire l'histoire et tout ce que la science ethnologique a produit sur le sujet depuis l'époque coloniale. Tout cela mû par des sentiments vils de rejet de l'autre, mais qui ne changent rien à la réalité de ce qu'a été l'empire luba.

Ce dernier s'est étendu sur un large espace géographique englobant plusieurs de nos provinces actuelles (du Tanganyika au Kasaï, en passant par le Haut-Lomami et plus). Son déclin, précipité à la fois par des conflits internes, des attaques externes (Yeke, arabes esclavagistes...) et la conquête coloniale de Leopold Il qui décréta une division administrative rayant de facto son existence, a favorisé la dispersion des divers groupes tribaux d'origine luba et apparentés (peuples lubaïsés par alliances ou par conquêtes) qui depuis ont évolué différemment. Aujourd'hui des gens hostiles à la persistance des liens mémoriels sont à la base de ces discours et théories déconstructeurs.

Par ailleurs, la langue luba parlée au Kasaï n'est pas un dialecte, mais l'unique langue maternelle pour des millions de personnes sur un espace englobant plusieurs provinces. Tandis que le swahili est, lui, une langue qui sert de vecteur de communication entre plusieurs tribus et ethnies ayant leurs propres dialectes maternels...

Déconstruire l'histoire au service du tribalisme est une régression qui menace l'unité nationale et empêche notre pays de se développer.

Sur ce point on pourrait prendre l'exemple d'Israël, où il y a une distinction faite entre les juifs ashkénazes et les séfarades. Les premiers sont issus de l'exode des juifs en Europe et Amérique, beaucoup sont revenus après la Shoa. Ils portent des noms européens pour la plupart et avaient développé un dialecte, le Yiddish. Quant aux séfarades, ils sont descendants de ceux qui étaient restés en Palestine, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ils se considèrent comme les "vrais" juifs (sans métissage européen) et parlent l'hébreu. Cette différenciation n'a pas empêché l'unité du peuple juif, ce qui a permis de bâtir en commun le puissant état d'Israël.

L'unité nous rends plus forts. Ne soyons pas rétrogrades...

Maître Charles Kabuya