LES PROCESSUS DE WASHINGTON ET DE DOHA SONT-ILS DANS L'IMPASSE ?
Il est incontestable que les processus de paix de Washington et de Doha marquent le pas. Contrairement au calendrier prévisionnel des étapes de négociations qui avait été annoncé, avec en apothéose une signature de l'accord global à Washington par les deux chefs d'États tout au plus en ce mois de septembre, le chemin de la paix entre la RDC et le Rwanda semble plus long et encore semé d'embûches. Ce, malgré la signature des accords préliminaires dans la capitale américaine le 27 juin 2025, suivie de celle d'une déclaration de principes à Doha le 19 juillet.
À ce jour, si on devait estimer leur impact, c'est peut-être d'avoir empêché l'intensification de la guerre, et probablement des pertes territoriales plus importantes du côté congolais, dans la mesure où l'armée s'est révélée très affaiblie devant les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23.
Cela dit, l'enthousiasme affiché par le président Trump après la signature de l'accord de Washington entre les chefs des diplomaties congolaise et rwandaise semble s'être heurté à la réalité complexe du dispositif de contrôle territorial bâti durant près de 3 décennies dans la grande région du Kivu par le pouvoir de Kigali. Une situation favorisée notamment par l'immobilisme controversé de la communauté internationale - Washington en tête - et le double standard dans l'attitude affichée face à la tragédie congolaise pour ce qui est des sanctions envers les pays agresseurs.
Dans le même temps, les espoirs de Kinshasa ont été douchés sur la scène de Doha, où d'ailleurs le pouvoir congolais a été attrait contre son gré pour engager l'avenir du pays avec une bande de rebelles à la solde du Rwanda, qui répondent à un agenda de balkanisation à peine dissimulé. Les dés étant pipés à Doha, ce processus humiliant portait en germe son propre blocage.
Étant donné que l'option militaire pour restaurer la souveraineté congolaise sur les territoires occupés est inenvisageable dans les conditions actuelles, qui sont marquées par un effondrement du dispositif de défense après la chute de Goma et Bukavu, il est nécessaire d'intensifier le pressing diplomatique, auprès de Washington notamment. Car, sans un relèvement du niveau de son implication, la volonté affichée par le président Trump de mettre fin au conflit dans l'est de la RDC n'aurait été que velléité. Elle risquerait de rejoindre la pléthore d'accords et d'engagements non respectés par le président rwandais.
Dans ce contexte, pourquoi ne pas envisager en même temps de nouveaux accords de défense avec des puissances émergentes et une multiplication des partenariats stratégiques en vue de retrouver rapidement un seuil de dissuasion militaire pouvant équilibrer les rapports de force ?
La RDC dispose d'atouts économiques importants, et lorsque l'ennemi a des soutiens militaires et diplomatiques (voire financiers) qui lui permettent d'afficher une arrogance guerrière et de bafouer le droit international, pour quelle raison l'État congolais, qui de surcroît a pour lui une légitimité internationale renforcée par des résolutions onusiennes, s'en priverait ?
Et ce n'est pas faute d'avoir frappé à la porte de nos alliés traditionnels, qui pourtant nous regardent endurer depuis 30 ans des razzias planifiées, des atrocités barbares et des génocides documentés, avec un certain fatalisme.
Si garder les pieds dans ces processus en dépit du fait qu'ils apparaissent passablement poussifs relève, certes, des engagements diplomatiques, cela ne nous lie pas totalement les mains ; et surtout, cela ne devrait pas conduire à notre ruine en tant que nation, sur l'autel des intérêts transnationaux…
Charles Kabuya
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