Le Blog de Charles Kabuya

PEUT-ON BRADER NOTRE PATRIMOINE AU NOM DES STRATEGIES POLITIQUES? (Réponse à M. Apash Likinda)

Merci pour cette amicale « interpellation » sur la question de la mise en valeur de notre patrimoine dans le cadre des stratégies de développement .

 

J’apprécie cet exercice qui consiste à échanger les points de vue sur les sujets importants qui concernent la situation et l’avenir de notre beau Congo. Car c’est de cette confrontation des idées que jailliront des solutions efficaces et avant-gardistes dont la mise en pratique pourra permettre un développement harmonieux de notre pays.

 

En ce qui concerne la récente actualité à laquelle vous faites allusion ("Traité de Nice"), je souligne que je me suis insurgé contre l’aventurisme politique de certains compatriotes de la diaspora, prêts à brader notre trésor national (c.à.d. notre terre) pour assouvir des ambitions politiciennes. Ceci d’autant plus que cette cabale visait prioritairement la prise du pouvoir et n’abordait qu’en termes généraux les questions essentielles de la stratégie du développement et de la gouvernance démocratique. A cet effet, j’ai rappelé dans un récent article différents projets visant à mettre en coupe réglée nos richesses naturelles au profit de certains intérêts extérieurs, en faisant fi des intérêts congolais.

 

Cela dit, un développement ne pourra jamais être endogène, notre pays a besoin de synergies
extérieures pour mettre en valeur ses potentialités au service de son
développement. Mais cela ne pourra se faire que dans le cadre des accords Win-Win avec nos partenaires. Du reste, notre capacité d’autofinancement étant pratiquement nulle (la part de l’aide
extérieure à notre budget étant encore de l’ordre du tiers), il est inconcevable que nos projets de développement ne rentrent pas dans un cadre de coopération multilatéral. Il vous reviendra certainement à l’esprit que les fameux « contrats chinois », initiés par notre gouvernement, et qui consistaient en un troc « matières premières contre infrastructures », avaient dû être recadrés par le FMI qui y trouvait un déséquilibre en faveur de la partie chinoise et un engagement financier qui serait à terme lourdement contraignant pour le modique budget du pays. Abstraction faite des considérations géopolitiques occidentales vis-à-vis des pays émergents, notamment la Chine, il est important
de souligner que cette institution avait refusé tout compromis sur ce qui s’apparentait à une hypothèque des richesses minières de la RDC. Il en est de même de notre terre, elle ne doit faire l’objet d’aucune hypothèque en dehors du cadre légal aménagé par nos lois.

 

Cependant, cette formule du troc a les faveurs d’un grand nombre de pays en Afrique qui font face aux difficultés de financement des projets de développement. Pour prendre l'exemple de la Guinée-Conakry, voici ce qu'en disait son ministre des mines:

"Depuis 40 ans que les occidentaux exploitent la bauxite de Guinée, ses habitants n'ont pas gagné un sou... Ce minerai est exporté sans être transformé, sans créer d'emploi, de valeur ajoutée, ni de revenus fiscaux significatifs... D'où vient l'espoir? Des chinois!... Ils sont les seuls à nous proposer des offres complètes: une mine, un barrage, un chemin de fer et une raffinerie, le tout financé par leur banque qui se rembourse en minerais. L'opération ne nous cûte rien mais rapporte des impôts, des emplois, des infrastructures, de l'énergie"

Comme on le voit, cette formule du troc est intéressante à bien des égards, le tout étant de trouver le juste équilibre gagnant-gagnant…

 

En définitive, il est important d’élaborer des stratégies de développement et d’initier un cadre de gouvernance qui soit en phase avec les valeurs démocratiques pour sortir notre pays du marasme politique, économique et social. Notre patrimoine étant notre "fond de commerce", il doit faire l'objet d'une gestion optimale dans ce cadre. Votre proposition de réflexion élargie sur le sujet emporte déjà mon adhésion, car justement je prépare un livre d’autocritique sur les maux qui rongent notre société congolaise et constituent le plus grand écueil au développement de notre pays. En effet, le développement est tout d’abord humain… 



16/02/2013
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