Le Blog de Charles Kabuya

QUELLE STRATÉGIE DIPLOMATIQUE POUR LA RDC DANS LE CONTEXTE ACTUEL ?

 

Logiquement la RDC devrait se rapprocher des BRICS et des pays émergents, comme jadis notre place devait être parmi les pays non alignés. Mais l'importance stratégique du pays (position géographique, richesses stratégiques, potentiel démographique etc) nous a valu des convoitises depuis la création de l'EIC. 

Le pays a été dans le giron de l'Occident durant la guerre froide, sous le pouvoir de Mobutu, et il y est retourné après l'assassinat de Laurent Desire Kabila, qui avait moins d’accointances occidentales.

 

Depuis les bouleversements géopolitiques dans la région des Grands Lacs (arrivée du duo Museveni-Kagame au pouvoir, guerre civile et génocide rwandais) le territoire congolais a subi des assauts qui ont installé l'insécurité dans l'est du pays et affaibli considérablement l'état.

Plus particulièrement, notre faiblesse sur le plan militaire (due à plusieurs facteurs, entre autres la corruption et l'infiltration de la chaîne de commandement) a d'importantes répercussions diplomatiques.

 

En effet, notre marge de manœuvre est limitée à quémander l'application du droit international et la solidarité des pays ayant une influence dans le monde. Or ces derniers sont en butte à leurs propres intérêts, et certains sont tentés par le "bypass" qu'offre le Rwanda, qui continue à instrumentaliser l'insécurité afin se présenter comme l'intermédiaire le plus sûr pour l'approvisionnement en minerais critiques de la région est de la RDC.

 

D'autre part, des facteurs politiques internes brouillent l'image du pays, en particulier la cacophonie dans la classe politique et notre incapacité à être unis et solidaires face à l'invasion du pays et aux tragédies vécues par nos concitoyens. C'est ainsi que l'ennemi parvient à nous pousser à "congoliser" un conflit qu'il a généré et qu'il entretient pour son intérêt et ceux de ses partenaires.

 

L'actuelle collusion d'intérêts entre un ancien président de la république ruminant un retour au pouvoir et des rebelles proxies du Rwanda, auxquels il faut ajouter les opportunistes de tout genre, achève de rendre confuse la situation du pays.

 

Ce tableau général amenuise nos cartes diplomatiques et affecte la portée de notre voix. Par conséquent, notre positionnement international sera dicté par l'instinct de survie, car la RDC est difficile à contrôler et facile à déstabiliser.

 

L'ONU a échoué à pacifier le pays et nos alliés régionaux de la #Sadc sont pusillanimes, l'Afrique du Sud en tête. Nous ne sommes plus au temps où un Mugabe, un Sam Nujoma ou un Dos Santos pouvaient s'impliquer militairement pour venir à la rescousse de la nation congolaise.

Il ne faut pas plus compter sur l'Union africaine, dont les mécanismes de règlements des conflits ne sont que figuratifs.

Par ailleurs, aujourd'hui il n'y a presque pas de puissances étrangères en mesure d'aider la RDC à recouvrer sa souveraineté totale. 

 

La Belgique fait ce qu'elle peut, nous devons l'en remercier pour une fois.

La France de Macron est dans une diplomatie de repentance avec le Rwanda, et elle privilégie la protection des intérêts de ses industriels au détriment du plus grand pays francophone du monde (même sur ce point nous ne sommes pas en position de protester). De plus, elle freine l'Union européenne, qui se retrouve paralysée pour sanctionner le Rwanda avec la même sévérité qu'elle a avec la Russie.

Quant à ce dernier pays, s'allier avec lui sur le plan sécuritaire aurait été une alternative forte, mais il est lui-même embourbé en Ukraine, et surtout cela déclencherait le retrait de tout soutien occidental et aggraverait les choses.

La Chine se focalise sur ses intérêts commerciaux et ne s'implique que rarement hors de sa zone d'influence géographique.

 

Reste l'Amérique avec laquelle nos liens sont restés quasi constants depuis des décennies. C'est elle qui a fabriqué Kagame et Museveni, c'est encore elle qui pourrait avoir l'autorité nécessaire pour exiger d'eux le "Game over".

 

Dans un contexte où nous avons un genou à terre, avons-nous d'autre choix que d'espérer de l'administration Trump une "Pax americana", sans y laisser trop de plumes?

 

Charles Kabuya



28/05/2025
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