QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE BOOM IMMOBILIER À KINSHASA
Une visite à la récente édition de l'EXPO BÉTON à Kinshasa a permis de constater un foisonnement de projets immobiliers qui rivalisent d'ambition, de grandeur et d'originalité architecturale.
C'est une excellente chose, car cette gigantesque métropole a besoin de rattraper son retard en termes d'infrastructures immobilières (le parc immobilier des quartiers d'affaires est vétuste et insuffisant) et d'offres d'espace de bureaux modernes et de logements de qualité.
Mais surtout ces projets immobiliers ont l'avantage de privilégier les constructions en hauteur.
En effet, Kinshasa est essentiellement construite horizontalement, ceci a eu pour conséquences d'élargir considérablement la ville, d'augmenter les distances et d'aggraver les problèmes de transports.
Le rapport du nombre d'habitants par mètre carré en zone urbaine est très faible à Kinshasa, où une parcelle n'est habitée que par une ou deux familles en moyenne, alors que la même surface avec une construction en hauteur hébergerait plus de ménages…
Cependant, ces projets en cours, initiés par des investisseurs privés, sont d'un standing trop élevé pour la population, même pour la classe moyenne en gestation, composée essentiellement de jeunes employés et cadres qui aspirent à une meilleure qualité de logements, mais dont les revenus sont assez faibles.
Ces projets visent plutôt une petite catégorie plus nantie financièrement, ainsi que les investisseurs intéressés par les placements immobiliers.
Il n'y a pas de juste milieu, d'offres de logements intermédiaires avec des commodités basiques pour la classe moyenne.
L'habitat des congolais est caractérisé par une rareté des logements, leur insalubrité et la cherté à la location. D'ailleurs ce secteur n'est pas régulé comme le prévoit la loi.
Face à cette situation où la carence des logements constitue un grave problème social, l'État devrait emboîter le pas en initiant des programmes de logements sociaux, ou à loyer modéré, à travers des sociétés immobilières d'économie mixte, et aussi encourager les provinces à mettre en place des programmes de logements.
Dans un premier temps le modèle faisant appel à une contribution patronale pourrait être mieux indiqué. Par exemple, en France c'est la contribution dite "1% patronal" (une taxe sur la masse salariale) qui permet aux salariés des entreprises contributrices au programme immobilier d'avoir un accès privilégié à une catégorie de logements à loyer modéré.
Pour ce type de logements des constructions en hauteur rentabiliseraient beaucoup plus chaque mètre carré de sol, contrairement au modèle colonial "à pigeonniers" sur lequel ont été bâties les cités pour "indigènes évolués", à l'exemple de bandalungwa et de Lemba, ou encore celui de la cité verte et de la cité Maman Mobutu, construites après l'indépendance.
Cette nouvelle option urbanistique et architecturale présenterait plus d'avantages dans l'optimisation de l'occupation des sols et freinerait la tension dans l'immobilier et l'enchérissement excessif des terrains dans et autour de la ville de Kinshasa.
Me Charles Kabuya
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