RDC - RWANDA : LE SYNDROME DE LA GUERRE DE CENT ANS
Le processus engagé à Washington pour parvenir à la paix dans l'est de la RDC est-il une énième tentative de règlement du conflit ou l'acte final d'une tragédie qui n'en a pas fini de faire couler le sang ?
Lorsqu'en 1996, le Rwanda et l'Ouganda envahirent le Zaïre sous le couvert d'une rébellion circonstancielle (l’Afdl), on était loin d'imaginer que 30 ans plus tard cette guerre perdurerait.
On ne compte plus les initiatives de paix restées lettres mortes, les trêves en trompe-l'œil et les cessez-le-feu violés. Au point que ce conflit est devenu le plus long et le plus sanglant de l'histoire de l'Afrique, évoquant un autre conflit historique qui eut lieu en Europe.
En effet, contrairement à ce que beaucoup imaginent, la célèbre “guerre de cent ans”, qui opposa les “ennemis héréditaires”, la France et l'Angleterre, ne fut pas une guerre soutenue, avec des combats permanents. Bien qu'elle dura de 1337 à 1453, elle fut entrecoupée de périodes de trêve, de paix précaire et de négociations diplomatiques. Des traités de paix furent même signés, avant que les hostilités ne reprennent...
L'épopée de ce long conflit à rebondissements, dont l'enjeu était hégémonique et territorial (les rois anglais ayant des prétentions sur le trône et les territoires français), présente des similitudes avec la situation à laquelle la RDC est confrontée depuis 3 décennies, sa souveraineté étant mise à mal dans la région Est par les multiples invasions perpétrées principalement par le Rwanda.
On y retrouve les mêmes objectifs et les mêmes caractéristiques : la conquête et le contrôle des territoires congolais, les revendications politiques intérieures (par l'entremise des acteurs politico militaires fantoches) et la duplicité permanente, comme celle qui valut à l'Angleterre d'être surnommée en France “la perfide Albion”.
Justement, la duplicité qui caractérise le Rwanda peut faire douter de sa volonté réelle de s'engager sur le chemin de la paix, s'il n'y est pas fermement contraint.
D'ailleurs, le discours des dirigeants rwandais ne laisse aucun doute sur le fait qu'ils y vont à reculons et qu'au moindre prétexte ils tenteront de contourner leurs obligations. C'est ainsi qu'ils multiplient les conditionnalités, tantôt sur la pseudo question des Fdlr, tantôt en réclamant à travers leurs proxies du M23-AFC la gestion des provinces du Kivu aux négociations de Doha, tout en sachant que ça sera une pierre d'achoppement.
C'est pourquoi, les congolais doivent être mentalement préparés à toutes les éventualités, d'autant que la communauté internationale est toujours engoncée dans les atermoiements, et même dans les intérêts complices, dans le cas de l'Europe.
De ce point de vue, la reconstruction de nos capacités militaires et la conclusion des alliances en matière de défense doivent demeurer comme objectif essentiel pour garantir notre souveraineté.
Notons que la guerre de cent ans avait persisté sous les règnes de plusieurs monarques de part et d'autre. Aussi, la disparition de Kagame ou de Museveni, si elle arrivait, ne signifierait pas forcément un retour à la paix pour les congolais. Leurs successeurs pourraient faire pire pour perpétuer le saignement du Congo. Car, en dehors du fait que ces dirigeants ont fait des disciples au sein de leurs populations, les économies de leurs pays sont addictées à la contrebande des matières premières congolaises sur les territoires qu'ils contrôlent au fusil et à la baïonnette dans l'est du pays.
Il est est également important de noter que cette guerre ne connut un terme définitif qu'après la reconquête territoriale française, qui permit de bouter les anglais dehors, et au cours de laquelle s'illustra une héroïne, la célèbre Jeanne d'Arc. Elle sera ensuite trahie et brûlée vive par les anglais.
Exactement comme l'héroïne du Royaume Kongo, Kimpa Vita, qui porta un combat messianique contre l'esclavage et fut brûlée vive par les portugais en
1706…
Charles Kabuya
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