Le Blog de Charles Kabuya

REFLEXION SUR LA SITUATION EN CôTE D'IVOIRE

 
En parlant avec plusieurs amis ivoiriens et en allant sur de nombreux forums, j'ai été interloqué par la violence des propos et la radicalité des positions. Je comprends mieux Thabo Mbeki (un homme qui pourtant en a vu d'autres...) lorsqu'il avait déclaré que la situation était "très, très grave" en Côte d'Ivoire. Il semble bien qu'il y ait une profonde déchirure dans ce pays. C'est une réalité qu'il ne faut pas négliger dans la gestion de cette crise. Je pense que l'attitude de Gbagbo (défiant la "communauté" internationale) est en quelque sorte un corollaire de cette déchirure, car il se sent insidieusement soutenu par une frange "silencieuse" des populations du sud et de l'ouest. Je me trompe peut-être, mais j'analyse cette crise comme n'étant pas seulement l'affirmation des ego surdimensionnés et de la soif du pouvoir, mais également comme le paroxysme de l'antagonisme ethnico-religieux. Manifestement, après la guerre fratricide, les rancoeurs n'ont pas été enterrées par les accords de paix et le processus de réglement de la crise qui en a découlé. Résultat: l'hypocrisie et la confusion ont été entretenues par les protagonistes, car au fond aucun camp n'était prêt à accepter la victoire de l'autre. On est devant une manifestation effrayante des contradictions africaines où l'ethnique et/ou le religieux, la soif du pouvoir et/ou l'égoïsme prennent le pas sur la logique démocratique. Que l'on ne se méprenne pas, cette situation n'est pas unique, plusieurs pays africains se touvent dans une configuration semblable (Gabon, Congo-Brazza, Guinée équatoriale etc...) J'ai tendance à les considérer comme des volcans qui dorment tant l'identification du pouvoir à un groupe particulier y est très forte. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, penser qu'en proclamant un vainqueur de l'élection on résoudra les contradictions est un leurre qui équivaut à se boucher le nez avec un mouchoir pour ne pas sentir une odeur nauséabonde. Il faut initier un véritable processus de réconciliation nationale dans ce pays, avec une forme d'ambition pédagogique pour promouvoir les vertus de la démocratie et de l'unité. Sans quoi le "président élu" gouvernera un pays virtuel, assis sur un volcan qui dort...


14/12/2010
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