Le Blog de Charles Kabuya

UN REGARD SUR LES ENJEUX DES ELECTIONS EN RD CONGO (1)

Plusieurs compatriotes me posent des questions sur ce sujet de débat qui vient fort à propos dans le contexte électoral actuel. D'emblée il faut souligner le fait que cette élection est à double fond, dans le sens où la présidentielle est l'arbre qui cache la forêt du scrutin législatif qui sera déterminant pour l'exercice du pouvoir réel (de la même manière les scrutins provinciaux et locaux seront essentiels pour le maillage du territoire par le pouvoir) De ce point de vue, plusieurs configurations sont à redouter au sortir du processus électoral et une cohabitation houleuse voire chaotique reste une sérieuse option...

 

Malheureusement nos partis politiques donnent l'impression d'être figés dans des postures plébiscitaires, incarnées par des chefs indéboulonnables et à la figure tutélaire. Ainsi le plébiscite du chef passe avant le travail d'ancrage sur le terrain et même avant les programmes politiques, car des idées concrètes on n'en a pas vu les prémisses jusqu'à présent. C'est cette attitude (ou plutôt cette dérive) qui met par exemple dans l'impasse un grand parti politique comme le MLC qui, en l'absence de son chef "tutélaire" (ou de droit...), ne peut se résoudre à opter pour une stratégie de réchange alors qu'il regorge d'hommes capables. On observe également que dans la perspective d'une dynamique commune de l'opposition le processus est miné par l'encombrante question du candidat unique que d'aucuns voudraient "naturel"... Inutile d'évoquer le camp du pouvoir où les jeux sont "naturellement" faits... Mais c'est de bonne guerre dira-t-on, car si les autres sont incapables d'accorder leurs violons le pouvoir en place en profitera.

 

Il faut noter également que cette élections risque d'opposer principalement le Chef de l'état actuel, représentant les institutions issues du processus dit "Dialogue inter-congolais" (Dic) à un candidat n'ayant pas participé à ce processus et qui est longtemps resté dans la logique des institutions de la Conférence nationale et souveraine (Cns) Il s'agit de deux visions opposées des institutions, la Cns ayant à l'époque opté pour le fédéralisme, tandis que la constitution actuelle est un succédané de celle de Luluabourg qui consacrait un Etat unitaire décentralisé. Sur ce débat, je dirai que la constitution de Luluabourg avait tiré les conséquences des événements tragiques qui avaient failli sonner le glas du Congo avec les sécessions et la montée des irrédentismes. Cinquante ans plus tard, notre pays est toujours à construire, mais la conscience nationale a bel et bien progressé au-délà de la conscience ethnique.

 

De mon point de vue, il ne faut pas briser cet élan vers l'édification de notre nation et prêter ainsi le flanc aux intérêts "obscurs" (mais bien connus) qui souhaitent l'éclatement du Congo. J'ai fait l'expérience du terrain et constaté que dans beaucoup de contrées du pays des "barons" locaux sont prêts à instrumentaliser les populations sur le mode tribal pour asseoir leur pouvoir. Du reste, le découpage actuel des 26 provinces ayant été fait sur des critères ethniques et lingustiques, consacrer ces provinces en Etats fédérés serait consacrer l'éthnicisme et tourner le dos au progrès et aux réalités du monde moderne.

 

Aujourd'hui nous devons protéger et promouvoir les cultures régionales et non avoir des obsessions ethniques qui ne se fondent d'ailleurs sur aucune aspiration des populations. Du reste, les institutions ne valant que les hommes qui les animent, aucun système ne garantit une gestion saine et performante si les hommes ne sont pas à la hauteur...



30/08/2011
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